

Dans la vie, F. partait du bon pied. Foyer stable, enfance R.A.S., parents cadres sup, bonnes fréquentations – son avocate est une vieille amie de la famille, « si vous voulez tout savoir, son père est le parrain de ma fille ! », précise-t-elle. Loin de ces jeunes commis d’office pointant le destin pathétique de prévenus dont l’existence était boiteuse dès le berceau.
F. ne travaille pas. Il n’a jamais travaillé. Il a bien essayé, en juin 2010. Mais les voix l’ont assailli, et il a dû être hospitalisé pour la seconde fois. La première, c'était à 18 ans. Juste après ses premières hallucinations auditives.
Jusqu’alors, il avait coutume de se griller un joint de temps à autre, passe-temps d’une jeunesse dorée. Puis il s’est rendu compte que le cannabis apaisait ces verbiages indésirables. Il a augmenté sa consommation jusqu’à leur clouer le bec. Sans se douter que ce palliatif camouflait un accélérateur: aiguillonnées par la substance, les voix se taisaient pour mieux revenir. Alors il allumait son calumet et elles signaient une nouvelle trève. Et doucement le cercle s’est installé, et le diagnostic est tombé: psychose délirante chronique. Autrement dit, schizophrénie.
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